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jeudi 24 septembre 2009

Interview d"une experte en cosmétique : Sophie du blog (Dé)maquillages

Sophie est issue de l'univers de la biologie et travaille dans le monde de la cosmétique depuis une dizaine d'années. Elle s'implique dans des missions d'innovation et de consulting en marketing pour les marques et a participé au lancement d'une gamme certifiée bio, il y a quelques années. Une réelle compétence sur toute la chaîne de production cosmétique et un oeil avisé pour cette jeune blogueuse ! C'est sa connaissance du marché et son regard critique qu'elle nous fait partager, en répondant à mes questions :

Quel est ton avis scientifique sur les ingrédients chimiques pointés du doigt et évincés dans les produits bio, par exemple les paraben ?

L’industrie cosmétique est très réglementée, beaucoup plus que l’industrie alimentaire par exemple. Concernant les molécules sujettes à polémiques, je crois que l’on peut faire confiance à l’AFSSAPS (« agence du médicament »). Régulièrement, elle interdit ou met en garde les consommateurs contre des ingrédients douteux.

Au sujet des parabènes, par exemple, l’AFFSAPS les met hors de cause très régulièrement depuis des années. Dans l’industrie cosmétique, même dans le bio, 95% des professionnels sont d’accord pour dire que les parabènes sont safe. Le reste n’est qu’une question marketing (moi-même, je les ai supprimés de ma dernière gamme pour éviter de perdre des clients…). On n’en parle jamais mais il y a aussi des parabènes dans les produits alimentaires, certains médicaments et certains vaccins. On les retrouve même à l’état naturel dans les plantes, et, scoop : une étude, qui va bientôt être publiée, montrerait que pendant la grossesse, les femmes produisent naturellement des parabènes bénéfiques pour le fœtus !

Le côté positif de toutes ces polémiques est que du coup les labos cherchent des alternatives plus naturelles, et que ça fait avancer la science !

Une certification biologique est bénéfique pour le consommateur à quel niveau ?

Pour la traçabilité et la transparence. Pour ne pas avoir à éplucher les listes d’ingrédients quand on n’est pas pro. Mais il existe aussi des marques non certifiées qui font, selon elles, « mieux que du bio » : elles s’interdisent quelques ingrédients autorisés dans les cahiers des charges Ecocert ou Qualité France, comme l’alcool, et mettent un pourcentage encore plus élevé d’ingrédients bio.

Le pouvoir thérapeutique / beauté des plantes existe depuis des siècles, est ce que les produits bio actuels utilisent ces "secrets d'antan" ?

Oui, bien sûr, les produits bio utilisent souvent des secrets d’antan. Mais la cosmétique traditionnelle aussi ! Regardez chez l’Occitane, Clarins, Nuxe, Lancôme – quasiment toutes les marques, en fait… Car souvent, les substances médicinales et cosmétiques les plus efficaces sont inspirées ou extraites de la nature.

Que penses-tu des groupes cosmétiques, des marques anciennes qui lancent leur gamme bio (Mixa dernièrement) ?

Je suis assez partagée. D’un côté, ça m’agace un peu qu’elles se lancent sur le bio pour des raisons quasi-exclusivement commerciales, de l’autre ça permet de démocratiser le bio : il devient abordable et les importants moyens de communication mis en œuvre permettent « d’éduquer » ces consommateurs, de valoriser le bio. Autre conséquence bénéfique : les laboratoires des grands groupes s’orientent vers une chimie de plus en plus verte.

Mais l’arrivée des plus gros dans le bio risque d’avoir des conséquences non négligeables. Caroline Wachsmuth de Doux me confiait son inquiétude quant à l’avenir de la cosmétique bio, et je le partage : elle pense qu’il n’y aura pas assez de cultures bio pour satisfaire tout le monde, que les ressources vont s’appauvrir, et que les fournisseurs de plantes bio privilégieront les grands groupes par rapport aux petites marques.

Est ce une réelle envie de produire plus sain, plus naturel ou uniquement pour profiter de la tendance, selon toi ?

Les grandes marques ont des stratégies très réfléchies. A court terme, je crois que la plupart d’entre elles surfent sur la tendance naturelle, pour ne pas perdre de clients et en gagner d’autres. A moyen et long terme, elles savent que le développement durable n’est pas juste une mode mais un véritable bouleversement de notre manière de consommer.

Certaines marques utilisent des éléments de communication du bio alors que les produits sont chimiques, que penser de cette "triche" ?

Ca s’appelle du greenwashing (« blanchiment écologique ») et beaucoup de marques en font. Ce n’est pas exactement de la triche, c’est une façon marketing de sous-entendre des choses sans le dire vraiment. C’est pourquoi il faut savoir lire les étiquettes. Encore une fois, difficile pour le consommateur de s’y retrouver, d’où l’intérêt des certifications indépendantes comme celle d’Ecocert.

Mais attention, parfois des marques très green et très respectables flirtent avec le greenwashing : Lush, par exemple que j’aime beaucoup, dissimule que certains de ses produits contiennent des parabènes en les nommant par leur nom chimique et non par leur dénomination INCI (norme internationale).

Le futur de l'univers beauté selon toi ? écolo ? écolo-chic ? ultra-bio ? ultra-technologique ?...

Il y en aura pour tout le monde ! Chacun d’entre nous a envie d’avoir des réponses sur-mesure à ses préoccupations de bien-être et de beauté. Certains privilégieront le bio, d’autres des produits très efficaces inspirés de la médecine esthétique… Dans tous les cas, l’acte d’achat d’un produit cosmétique devient de plus en plus « militant » : il reflète des valeurs que l’on partage avec la marque et que l’on a envie d’afficher (luxe, naturel, high tech, traditions…).

La principale tendance de fond est bien sûr le développement durable, au sens large : des produits meilleurs pour la planète, plus justes économiquement et socialement (arrivée en force du commerce équitable).

L’avenir est aussi aux services associés au produit que l’on achète. Des conseils personnalisés en magasin, via par exemple des outils de diagnostic, du coaching par téléphone, des astuces sur Internet, des livraisons à domicile… Bref, proposer un produit seul ne suffira plus !

Un grand merci à Sophie !

Si vous souhaitez la contacter : Sophie Strobel, demaquillages@gmail.com

Blog : (dé)maquillages.blogspot.com

1 commentaire:

  1. merci pour ce blog et cette interview très intéressante. vous avez l'air d'aimer et de connaitre suffisament la cosmétique bio pour en dénoncer les "dérives" et les exagérations. Je suis ravie que le bio ne fasse que se développer, mais je vais revoir mon avis sur les parabènes. ^^

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